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Corbeil-Essonnes :
Un appel aux dons pour restaurer une fresque de Pierre Scholla
Destiné à financer la restauration de la fresque « Le Village » signée Pierre Scholla,
un appel aux dons a été lancé par la mairie de Corbeil-Essonnes. Si le principe de
la rénovation de l’oeuvre située près de l’école Jacque Bourgoin est louable, son
type de financement est surprenant, voire inconvenant.
En 1998, la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) alors implantée à Corbeil-Essonnes
a demandé à Pierre Scholla, artiste peintre local renommé, de réaliser une grande
fresque destinée à couvrir la façade arrière de ses locaux située 2, rue du Charbon
blanc, tout près de l’école Jacques Bourgoin. D’une surface de 120 m2, l’œuvre monumentale
intitulée « Le Village » a subi depuis l’usure du temps et a désormais perdu toute
sa splendeur. Afin de redonner toutes ses couleurs à la fresque, la municipalité
a décidé de lancer un appel aux dons par l’intermédiaire d’un projet de mécénat.
« Dans le contexte de la rénovation d’une fresque, le mécénat peut jouer un rôle
crucial pour financer les coûts associés à ce processus et rendre le projet réalisable »,
explique la mairie tout en précisant que ce type d’opération à le mérite d’offrir
des avantages fiscaux à chaque donateur. A noter que la restauration de la vaste
peinture devrait se faire dans la cadre d’une grande rétrospective de l’œuvre de
Pierre Scholla programmée entre février et mars 2024 au Théâtre, à la Galerie d’Art
et au Centre de Santé Municipal. « En rénovant cette fresque, la commune souhaite
rendre hommage à un artiste populaire qui a voué toute sa vie à la peinture et à
la promotion de l’art à Corbeil-Essonnes », fait-on savoir en confirmant vouloir
partager avec les gens de passage, le voisinage, cet évènement.
Corbeil-Essonnes : La fresque signée Pierre Scholla a perdu toutes ses couleurs.
Un devis estimé à 12.480 euros
En attendant que les généreux donateurs se face connaître, la direction « Culture
et Patrimoine » de la ville de Corbeil-Essonnes a d’ores et déjà établi le devis
de la restauration à l’identique de la fresque « Le Village » signée Pierre Scholla.
La facture totale s’élève à 12.480 euros TTC alors que c’est une somme de 15.000
euros qui est demandée dans le cadre de l’appel aux dons. La réalisation technique
de la rénovation qui devrait durer huit jours, hors périodes scolaires, sa mise en
peinture sur une surface de 120 m2 et diverses opérations, représentent un coût estimé
à 8.200 euros. Quant au prix de la peinture, il est fixé à 1.600 euros. Enfin, une
somme de 600 euros permettra de louer une nacelle articulée indispensable à la mise
en œuvre du chantier.
Un appel aux dons fixé à 15.000 euros
« Notre recherche de financement à hauteur de 15.000 euros sera intégralement réservée
à la rénovation », assure les promoteurs du projets en promettant que tous les noms
des donateurs seront associés à la restauration de la fresque monumentale. « Notre
volonté est de valoriser les formes d’expressions et d’arts accessibles au plus grand
nombre dans notre ville, dans la Galerie d’Art et dans l’ensemble de nos quartiers
populaires », indique Bruno Piriou (DVG) dans l’édito de la plaquette présentant
le projet. « Cette œuvre laissée à l’abandon et inconnue de tous pourra intégrer
le parcours de Street-Art de l’Agglo Grand Paris Sud », espère le maire de Corbeil-Essonnes.
Décorer un mur gris
C’est en 1998 que les responsables de la Chambre de Commerce et d’Industrie alors
installé quai Jacques Bourgoin ont demandé à Pierre Scholla de réaliser une grande
fresque de 120 m2. Il s’agissait de décorer la façade désespérément grise située
à l’arrière du bâtiment qui abrite aujourd’hui, tout près de l’école Jacques Bourgoin,
l’antenne « Pôle Emploi » de Corbeil-Essonnes.
Corbeil-Essonnes : L’échafaudage dressé
en 1998 pour réaliser la fresque de Scholla.
Pierre Scholla sur l’échafaudage
Après avoir dessiné une maquette de la future fresque baptisée « Le Village », Pierre
Scholla a tenu personnellement à participer à l’exécution de l’immense peinture en
assurant lui-même le graphisme de son oeuvre. Un peintre spécialisé avait, quant
à lui, pour mission de remplir les espaces diversement colorés.
Corbeil-Essonnes : Pierre Scholla a assuré lui-même le graphisme de l’oeuvre urbaine.
« 1943 : Faussaire à 15 ans »
En 2020, la Préfecture de l’Essonne alors placée sous l’autorité du préfet Jean-Benoît
Albertini a édité un ouvrage dédié aux activités de Résistant de Pierre Scholla.
Distribué aux élèves du département, le recueil de souvenirs intitulé « 1943 : Faussaire
à 15 ans » permet à Scholla de relater son parcours dans la Résistance. A noter que
deux tableaux de l’artiste corbeil-essonnois entourent, dans les salons de la Préfecture,
la plaque commémorative marquant, depuis 2020, le 50ème anniversaire de la construction
de l’édifice public.
L’ouvrage consacré à Scholla et réalisé
par la Préfecture de l’Essonne en 2020.
Corbeil-Essonnes : Intitulée « Le Village », la peinture monumentale telle qu’elle
s’affichait en 1998 (Photo : DR).
Corbeil-Essonnes : L’artiste-peintre Pierre Scholla devant deux de ses oeuvres inspirées
par le cosmos.
t peau neuve.
Photos : Bernard Gaudin
(Sauf mentions spéciales)
Un type de financement inconvenant
Pour certains, lancer un appel aux dons pour rénover une fresque appartenant au patrimoine
corbeil-essonnois semble surprenant, voire inconvenant. Il est vrai que l’artiste
peintre Pierre Scholla, Corbeil-Essonnois depuis 1957, est une personnalité très
attachante qui s’est beaucoup investie dans la vie artistique locale en assurant,
notamment, la présidence de la Société des Arts de Corbeil-Essonnes dès 1973. A noter
également que Scholla, qui a exposé ses toiles dans le monde entier, a remporté,
en 1997, à Atlanta (USA), un « Award d’Or » décerné par l’Association Internationale
des Sérigraphistes et Graphiste représentant 55 pays. Dès lors, quémander pour lui
rendre hommage frise l’indécence.
Faussaire pour la Résistance en 1943
Par ailleurs, il ne faut pas l’oublier, Pierre Scholla a un passé de Résistant. En
effet, durant la seconde guerre mondiale, tout juste âgé de 15 ans, il n’a pas hésité
à jouer les faussaires. Recruté par la Résistance Française séduite par sa facilité
à faire des faux documents de très grande qualité, il avait pour mission, en 1943,
d’imiter les signatures des autorités et de réaliser de faux tampons administratifs.
C’est ainsi qu’en 2017, Pierre Scholla a reçu la Légion d’Honneur récompensant des
centaines de faux qui ont permis d’épargner de nombreuses vies. Dès lors, il paraît
étonnant que la municipalité ne puisse pas ponctionner 12.000 euros dans son budget
fixé à plus de 102 millions d’euros en 2023, d’autant que la manne financière affectée
à la culture n’est pas négligeable. Visiblement, la « démocratie participative »
qui fait appel à toutes le bonnes volontés pour effectuer certaines tâches normalement
assurées par les agents municipaux passe aussi par la participation financière des
administrés aux hommages rendus à des Corbeil-Essonnois particulièrement méritants.
Bernard Gaudin - 24 août 2023